• Vitraux de la cathédrale Saint-Etienne de Metz

    Le vitrail est une composition formée de pièces de verres, généralement peu épaisses (de 2 à 4 mm), découpées en formes diverses selon un dessin préétabli, translucides ou transparentes, colorées ou non, réunies entre elles par un réseau de plomb et maintenues par des barres métalliques. Le vitrail constitue le plus souvent un décor permettant la clôture de baies, généralement de fenêtres. L’art du vitrail se singularise par des méthodes de fabrication qui n’ont quasiment pas évolué depuis son apparition dès l’Antiquité. A l’origine, cet assemblage avait une fonction pratique : protéger contre les intempéries. C’est l’utilisation du verre coloré qui va donner au vitrail une fonction véritablement esthétique.

    Cet art monumental majeur domine l’époque gothique, période où les techniques architecturales permettent la multiplication des baies et leur agrandissement, faisant du vitrail un art au service de l’Eglise. En effet, à travers le vitrail s’exprime toute la symbolique chrétienne où l’on utilise un élément essentiel pour créer un univers mystique: la lumière.

    XIIIe siècle

    - Dans le transept sud, à gauche du grand orgue : petits vitraux bleus remontant au XIIIe siècle (les plus anciens de la cathédrale)  il y figure six scènes de la vie de saint Paul qui proviennent vraisemblablement de l’église Saint-Paul qui faisait partie du groupe cathédral et fut démolie au XVIIIe siècle.

    Vitraux de la cathédrale Saint-Etienne de Metz

      - Dernières travées des bas-côtés sud et nord de la nef : plusieurs roses du XIIIe siècle à la rose de la troisième travée nord de la nef provient du vitrail central du chœur de Notre-Dame-la-Ronde. Son médaillon central figure le Couronnement, des anges aux mains jointes, portant couronnes ou encensoirs occupent les six médaillons du pourtour.

     XIVe siècle : Hermann de Münster

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    Façade ouest, au-dessus du grand portail : la grande verrière occidentale (350 m²)
    comporte une grande rosace de 11 m de diamètre, elle fut créée en 1384 par Hermann de Münster. Le programme iconographique illustre la concordance entre les articles du Symbole des Apôtres et leur préfiguration dans l’Ancien Testament.

    (« Anecdote » : Preuve de sa notoriété et de la reconnaissance des chanoines, Hermann de Münster se vit accorder le droit de sépulture dans la cathédrale et fut inhumé au pied de son chef-d’œuvre. Une épitaphe, retrouvée dans la première travée du bas-côté nord, nous apprend qu’il venait de Münster en Westphalie :

    CI DEVANT GIST
    MAISTRE HARMAN LI VALRIER
    DE MÜNSTERE AN WAILTEFALLE
    ET FIST LE GRANT OZ DE CEANS
    QUI MORUT LE JOR DE LA NOSTRE DAME
    EN MARS M.CCC.IIIIXX et XII.)

    XVsiècle: Théobald de Lixheim

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    Transept nord : la verrière de Théobald de Lixheim est datée de 1504. La rose du sommet avec le Couronnement de la Vierge surmonte les quatre Évangélistes dans les quadrilobes. Les trois niveaux de lancettes figurent au registre supérieur huit saints, au registre intermédiaire huit saintes et au registre inférieur huit apôtres avec les articles du Credo sous leurs pieds et les scènes de leur martyr. Au bas des lancettes intermédiaires coure une frise à fond bleu portant l’inscription : HOC OPUS PER THEOBALDUM DE LYXHEIM VITRIARIUM PERFECTUM EST ANNO DOMINI MCCCCCIV. C’est-à-dire, « Cette œuvre fut achevée par Théobald de Lixheim, verrier, en l’an du Seigneur 1504. »

    XVIe siècle : Valentin Bousch

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    Bras sud du transept : la grande verrière est le chef-d’œuvre de Valentin Bousch (Strasbourg, fin XVe s. - Metz, 1541), exécuté en 1521-1527 ainsi que les vitraux des parties hautes du chœur, plus anciennes. Une partie des verrières des absides lui sont également attribuées bien que non-signées.

    (Son activité du maître-verrier à la cathédrale est attestée à partir de 1514. Il travaille d’abord à la Basilique de Saint-Nicolas-de-Port, siège d’un pèlerinage fréquenté, puis à la cathédrale de Metz dont il devient le verrier attitré de 1520 jusqu’à sa mort en 1541, mais il est employé également pour d’autres édifices de Lorraine. Le style de Valentin Bousch emprunte beaucoup de ses traits à l’art germanique, en particulier à Hans Baldung Grien qu’il connaissait probablement.)

    XXe siècle : Chagall, Villon, Bissière, Gaudin

    La cathédrale de Metz a largement bénéficié du renouveau du vitrail français après la Seconde Guerre mondiale. Quelques architectes en chef des Monuments historiques, auxquels incombait la charge de remplacer par des verrières neuves les œuvres détruites pendant la guerre, comprirent les possibilités offertes par la peinture-vitrail.

    Robert Renard, aidé par l’inspecteur des Monuments historiques Jacques Dupont, peut imposer à la cathédrale de Metz Jacques Villon à la chapelle du Saint-Sacrement, située sur le côté sud de la nef (1956-1957). Par sa puissance expressive, Villon parvient à rehausser une chapelle ordinaire grâce à cinq verrières à thème eucharistique, exécutées par Charles Marcq.

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    Tout particulièrement parmi les cinq baies vitrées, Jacques Villon (de son vrai nom Gaston Duchamp, frère aîné du célèbre Marcel Duchamp) va révéler son exceptionnel talent avec le thème de la crucifixion du Christ dans le vitrail central (le 3e à partir de la gauche). D'abord il met en évidence la perspective de la lance que porte le soldat et qui traverse le côté du Christ. Cette perspective est construite à la manière de Pierro della Francesca et selon Rosalind Krauss  "sur un vecteur qui relie le point de vue au point de fuite " et permet donc de relier chaque spectateur au Christ lui-même. Ensuite ce même artiste va révéler la chaîne syntagmatique de la croix grâce aux différentes utilisations du bois.

    En 1959, Marc Chagall accepte de peindre les cartons de deux baies du déambulatoire nord avec pour sujets des épisodes de l’Ancien Testament. L’univers biblique et onirique de Chagall est admirablement servi par le savoir-faire de l’atelier Simon-Marq à Reims. L’œuvre, d’une grande liberté, met à contribution toutes les ressources de la gravure et de la peinture sur verre. Les couleurs, le bleu surnaturel, le vert cosmique, le rouge mystique et le jaune paradisiaque servent admirablement les baies vitrées. La couleur enveloppe tout, le dessin et le sujet. L'œuvre chagallienne est à la recherche d'une langue "judéo-universelle " accessible à un regard non initié, elle recèle toujours un langage crypté.


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    En 1960, Roger Bissière crée les maquettes de deux verrières pour les tympans nord et sud. Les deux verrières opposées de Bissière  complètent à merveille  les espaces intermédiaires laissées par les autres chefs-d'œuvre de cette "Lanterne du Bon Dieu". Mais en plus elles  vont donner un souffle nouveau  grâce à une  orientation biblique jusqu'à présent  insoupçonnée.

    Aussi il  ne parait  pas présomptueux  d’affirmer que ces  deux baies vitrées   vont devenir en quelque sorte   source et  sommet de toute l’architecture de lumière de cette cathédrale.

    En effet les verrières de Roger Bissière, rappellent les débuts de la création et notamment ce 4e jour où apparaissent les deux  luminaires au firmament des cieux pour séparer le jour et la nuit.

    « Dieu dit : Qu'il y ait des luminaires dans l'étendue du ciel, pour séparer le jour d'avec la nuit ; que ce soient des signes pour marquer les époques, les jours et les années et qu'ils servent de luminaires dans l'étendue du ciel, pour éclairer la terre. Et cela fut ainsi. Dieu fit les deux grands luminaires, le plus grand luminaire pour présider au jour, et le plus petit luminaire pour présider à la nuit ; il fit aussi les étoiles. Dieu les plaça dans l'étendue du ciel, pour éclairer la terre, pour présider au jour et à la nuit, et pour séparer la lumière d'avec les ténèbres. Dieu vit que cela était bon. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le quatrième jour. » (Gen. I, 14-19)

    Dans ces conditions ces deux vitraux irradient la lumière à l’image de la lune et du soleil grâce à ces deux ouvertures opposées de la cathédrale, l’une issue du tympan nord pour signifier le monde de la nuit et l’autre du tympan sud, pour  celui du jour.

    Vitraux de la cathédrale Saint-Etienne de Metz
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    Par conséquent toute la lecture  des vitraux de cette cathédrale va pouvoir s’interpréter à partir de cette séparation  initiale.

    Un vitrail de Marc Chagall de 1963 représentant Ève a été brisé par un ou plusieurs cambrioleurs dans la nuit du 10 août 2008.

     

     


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